Direction la Guadeloupe !

Quelques heures avant le dépar Canaries, Nicolas nous fait part de sa traversée des Sables d’Olonnes à Santa Cruz. Nous avons pris le temps de lui poser quelques questions sur le déroulement de sa course ainsi que de son état d’esprit pour défier l’Atlantique jusqu’en Guadeloupe.

En ce moment même, Nicolas navigue sur l’océan Atlantique…

1. Encore bravo pour la traversée ! Comment résumerais-tu la première étape ?

Je n’ai pas pris un bon départ le jour de la course aux Sables d’Olonnes parce qu’ils avaient modifiés la ligne au dernier moment. On était tout un groupe à devoir être obligé de partir très vite pour avoir une bonne position pour aller jusqu’à la ligne de départ. Ensuite, les deux, trois premiers jours étaient rudes : c’était vraiment pas agréable, j’ai eu beaucoup de mal à manger, à boire, j’étais très fatigué et puis il  y’avait pas grand-chose à faire parce que les vagues tapaient beaucoup sur le bateau. L’idée c’était de ne pas casser le bateau. Le vent était beaucoup plus fort que ce qu’on pensait.

Les différences de vitesse sont très faibles quand le vent arrive de face, ce qui fait qu’il n’y a pas beaucoup de manipulations techniques à faire sur le bateau. Il y avait beaucoup de vent donc le bateau tapait dans les vagues, tout ce qu’il y avait à l’intérieur bougeait souvent. C’était difficile de se reposer et il fallait suivre de façon assidu la météo, l’évolution du vent pour pouvoir changer de bord au moment le plus opportun. Ce que j’ai eu un peu de mal à faire ! Quand le vent à tourner, là, ça a commencé à être un peu plus agréable.

C’était marrant, lorsqu’on arrivait vers la côte, de revoir la terre, ressentir l’air chaud. En trois jours, on a complètement le temps de totalement être dépaysé. Il a fallu qu’on s’arrête dans un port en Espagne, car il était prévu que des vents violents étaient prévus.

2. Dans quel état d’esprit es-tu pour aborder la deuxième et dernière étape ? 

Très confiant au niveau de mon bateau que j’ai bien préparé. Je n’ai pas du tout la même angoisse que celle qui était présente pour le départ des Sables d’Olonnes. En revanche, il faudrait que je puisse garder ma place, la 40 ème, qui est une bonne place en vue de la catégorie de mon bateau. Maintenant j’ai hâte de voir si je serai capable de faire plus et monter dans le classement.

Je ressens plutôt un stress sportif ce qui était pas le cas de la première étape qui était une étape ou je voulais vraiment arrivé de l’autre côté et ne pas être à la traine et là, la question c’est vraiment ” comment optimiser le plus possible, comment préparer l’avitaillement, les affaires que je prends à bord de façon la plus intelligente possible pour aller le plus vite possible.

Sur cette deuxième étape, il y aura un moment ou on se retrouvera seul pendant plusieurs jours. Alors que pour la première étape, il y a eu seulement 24h ou j’étais vraiment seul et sans personne autour de moi. Il faudra donc réussir à faire avancer le bateau le plus possible et ne pas se laisser en mode croisière.

3. Ce que tu avais en tête avant de partir pour la course, est ce que cela s’est vraiment passé ? 

C’était beaucoup mieux que ce à quoi je m’attendais. Notamment sur le plaisir que j’ai à faire avancer ce bateau, d’être à bord, la vie à bord, le rythme de vie à bord ou j’organise tout pour essayer de faire avancer le bateau le plus vite possible. J’ai eu une grande satisfaction à m’occuper du bateau, réparer les petites casses… Car on éprouve pas forcément du plaisir mais on est très satisfait du reésultat de nos actions, d’être aller au bout, de réfléchir, de mettre en place des stratégies.

4. As-tu une anecdote à nous faire partager ?  

Il y a un moment ou j’étais en fond de la cabine, pour changer la direction du vent, et au moment ou j’étais à fond, le bateau a accéléré dans une vague et il s’est coucher et est resté coincé dans cette postion. Le bateau a finit par se coucher et je me suis retrouvé au fond du bateau. C’est pas du tout agréable parce qu’il y a énormement de mouvement dans le bateau, tout s’envole…  Quand on se retrouve au fond du bateau comme ça, on sent que toutes les secousses vont arriver et quand ça finit par arriver, c’est moins pire que ce à quoi on s’attendait.

Une autre anecdote que j’ai, c’était pour dormir. J’avais mis une très grande voile à l’avant et je dormais avec la corde qui tient la voile à l’intérieur et je l’avais dans la main pour pouvoir éviter que le bateau se recouche dans la nuit. C’était un des nuits pas trop paisibles. Mais l’avantage, c’est que le bateau avance bien. On priorise toujours l’avancement du bateau.

5. Comment décrirais-tu cette première experience en mer solo de 11 jours ? Est-ce que les autres skippers ont ressentis les même émotions que toi ? 

J’ai adoré ! C’était hyper agréable et puis j’aime vraiment ça. Je me suis senti à ma place et j’aurais pas voulu être ailleurs.

Oui on a beaucoup ressenti la même chose, on était tous plutôt satisfait de cette première étape ! On a pu tous partager nos experiences communes et ça nous faisait du bien d’avoir vécu la même chose. Ce que tout le monde s’est dit, c’est qu’on était tous un peu juste au niveau de la nourriture. Quand je suis arrivé, il me restait une journée de nourriture.

6. Comment était l’ambiance au sein du bateau ? 

C’est assez marrant, on se met dans un mode ou on fait le vide dans sa tête, le cerveau se ralentit un peu. On met un peu tout de côté. On arrive à rentrer dans ce mode de vie lent qui est la vie à bord. Une vie qui a jamais de pauses, mais c’est pas non plus une vie ultra intense. C’est toujour rempli, mais ce sont de petites choses qui sont lentes. Il y a un peu un esprit “chateau de cartes”.

Il y a des moments ou on aimerait bien ralentir et profiter mais on peut pas parce qu’il y a des gens qui nous regardent, on pense à tout pleins de choses qui nous donnent envie d’avancer. On pense aux gens qui nous suivent,

7. Quel a été le meilleur moment de la traversée, et quelle était le pire ? 

Le meilleur moment c’était dans le golfe de Gascogne dans le nord de l’Espagne ou il y avait des vents très fort mais qui avait tendance à pousser le bateau et sur lequel j’ai pu installer ma voile rapide. J’ai gagné pas mal de places à ce moment là, j’ai dû gagner au moins 10 places.

Le pire souvenir, c’est le deuxième départ, car je n’arrivais absolument pas à suivre les autres et en plus 1h après le deuxième départ, je me suis retrouvé bloqué dans un endroit ou il y avait pas beaucoup de vent et de grosses vagues et là c’est vraiment désagréable car le bateau n’avance pas, on peut rien faire, les voiles claquent c’est très dur. Y a rien qui va dans ces moments là. Le bateau faisait presque de la marche arrière.

8. Y a t-il eu un moment ou tu as une frayeur sur le bateau ?

Dans la deuxième partie de la première nuit j’ai eu une frayeur car le bateau accelérait très fort avec de grosses vagues et c’était la première fois que j’allais aussi vite avec le bateau dans ces conditions là. On regarde le bateau qui part à vive allure et on se pose pleins de questions, on se demande si le bateau va tenir ou pas. Je suis tout le temps attaché mais là vraiment je verifiais assez souvent si j’étais bien attaché.

9. As-tu écouté de la musique à bord ? Si oui quel type de musique ? 

J’écoutais beaucoup de Georges Brassens. J’avais fais une playlist avec une autre skippeuse et c’était cool parce que ça me permettait d’écouter des musiques que je connaissais pas. Mais sinon ça va de Georges Brassens à NTM, Céline Dion. Une playlist très très large.

J’ai téléchargé des BD sur Kindle aussi pour garder un rhytme et du temps pour moi ou je peux m’occuper et ménager des temps de pauses.

10. Qu’est ce qui t’as réconforté pendant la course ? 

Du pain au lait et de la charcuterie, pendant les coups de mou ça fait plaisir !

11. Penses-tu avoir atteint tous les objectifs que tu t’étais fixé avant la course ? 

Oui ! Clairement oui ! J’avais un objectif de classement vis à vis des autres et un objectif de satisfaction personnel d’avoir réussi à faire avancer le bateau, le plus vite possible et le plus longtemps possible. Et ça j’en étais très fièr parce que je me suis pas laissé aller, je me suis pas contenter de rester sur le bateau à ne rien faire. J’ai toujours été dans l’action non stop et ça je savais pas si j’allais y arriver.

Quand je suis arrivé, j’étais très content de voir que j’avais réussi a exploiter le bateau à son maximum. Ce qui a davantage appuyé ma satisfaction c’est que quand on est tous arrivé aux Canaries,  les autres skippers m’ont dit qu’ils avaient été agréablement surpris d’avoir vu que je pouvais faire avancer le bateau de cette façon. Ce sont des gens objectifs et qui ont sont capable de me dire vraiment si la course était bien ou pas. D’un point de vue du classement, je suis vraiment pas loin de ceux qui sont souvent beaucoup plus loin que moi.

12. Comment décrirais-tu la première étape en un mot ? 

Ouffissime !! C’était vraiment un éxperience de dingue au sens propre comme au figuré.